Réponse à l’article paru le 21 décembre 2024 dans le journal Le Monde

Suite à la parution d’un article dans le journal Le Monde, retrouvez ci-dessous la réponse du Maire, Vincent ROBIN.

Dans un article paru le 21 décembre dernier, votre journal titrait « A Mer, le désenchantement d’une ville sacrifiée sur l’autel de la logistique ». Pour la 3ème fois depuis avril 2021, notre modeste commune de 6400 habitants se voyait ainsi mise en lumière par votre édition, internationalement reconnue pour le sérieux de sa ligne éditoriale et l’impartialité de son traitement.

Pourtant à la lecture de cet article, nombreux sont les Méroises et les Mérois qui ont vivement réagi, et parmi eux le premier édile que je suis. Loin de la plume impartiale que les lecteurs assidus du Monde parcourent quotidiennement, ces quelques paragraphes s’avèrent être particulièrement partiaux, injustes et humiliants pour la population méroise en général, et pour ses commerçants et artisans en particulier.

Injuste car notre centre-ville n’est ni plus, ni moins que le reflet de la société actuelle et des évolutions des modes de consommation. Les centres-villes souffrent partout en France, particulièrement en zone rurale ou semi-rurale, et la commune de Mer ne fait pas exception à cette triste tendance. Des commerces de proximité ont-ils fermé dans notre centre-ville ces 15 dernières années ? Sans nul doute. Certains ont été remplacés, d’autres se sont délocalisés sur des zones commerciales périphériques, toujours à Mer. D’autres pas de portes attendent leur prochain exploitant. Une très grande partie de la population regrette ces fermetures, synonymes de perte de lien social, de proximité et de dynamisme pour notre ville. Dans le même temps, les supermarchés ne désemplissent pas, à deux pas du centre-ville.

Ce repli du centre-ville vers les grandes surfaces périphériques symbolise moins le désamour des habitants pour leurs commerces de proximité qu’une grande précarité économique et sociale. Encore une fois, Mer ne diffère pas d’autres communes de même taille, dont la population, principalement ouvrière et retraitée est frappée par de graves difficultés économiques. « Pour ceux-là, un supermarché discount a poussé à la sortie de la ville en 2022 ». Des mots tellement stigmatisants et condescendants de votre journaliste envers des personnes qui luttent au quotidien pour leur survie, et le bien-être de leurs familles.

Humiliants également les qualificatifs présentant la « myriade de boutiques fantômes, aux vitrines poussiéreuses » qui jalonnent le centre-ville de Mer. Quelle insulte pour ces commerçants qui se battent jour après jour pour maintenir une activité de proximité et des services de qualité, malgré toutes les difficultés de la vie, et la hausse exponentielle des coûts d’exploitation. Boulangerie-pâtisserie, traiteur, restauration rapide, fleuriste, salons de coiffure, cordonnier, bars-tabac, magasins de vêtements, de chaussures, agences immobilières parsèment la rue Jean et Guy Dutems. Accolée à cette rue, on retrouve d’autres adresses de restauration rapide, une jardinerie, un autre salon de coiffure, un salon de beauté, un barbier, sans oublier l’armurerie toute proche, un magasin d’informatique ou bien encore la librairie, récemment primée au Top des entreprises du Loir-et-Cher. Encore une fois, on ne peut nier la profonde transformation à l’œuvre dans notre centre-ville, où plusieurs artisans de bouche ont fermé ces 15 dernières années. Ni plus, ni moins qu’ailleurs cependant. Et la municipalité s’attache à ramener de la vie dans le cœur de ville en réhabilitant des bâtiments pour les transformer en une Médiathèque-Ludothèque, dont l’ouverture en septembre prochain redynamisera sans nul doute l’activité du centre-ville.

Partiaux enfin, car l’article renvoie les causes de cette situation au développement sur notre zone industrielle, d’un tissu d’entreprises spécialisées dans la logistique. Déjà en avril 2021 et février 2022, notre commune avait eu les honneurs de votre correspondant, visiblement très intéressé par le sujet. Il est indéniable que le visage de notre tissu industriel a été bouleversé ces 30 dernières années. L’implantation de ces méga-entrepôts est d’ailleurs la conséquence de décisions politiques vielles de 20 ans, destinées, comme le dit l’article, à apporter une réponse rapide à la fermeture d’usines historiquement implantées sur Mer. Je n’opposerai jamais les défenseurs de l’environnement aux ouvriers et salariés de ces entrepôts. Mais je ne me permettrai jamais non plus de stigmatiser celles et ceux qui travaillent quotidiennement dans ces structures, afin de nourrir leur famille, d’élever leurs enfants. Les efforts de notre municipalité depuis 2020 vont vers l’installation d’artisans, de PME, d’exploitants agricoles, mais force est de constater que c’est un travail de longue haleine. On ne défait pas facilement ce que 20 ans de décisions politiques et l’évolution de la société ont façonné.

Je m’interroge enfin sincèrement sur la pertinence d’évoquer, dans vos lignes, « l’insécurité croissante » sur Mer, qui pousserait les jeunes à « ne plus s’installer » à Mer et à faire construire « dans les villages voisins ». Notre commune connaît une démographie croissante et le nombre de demandes de permis de construire ne semble montrer au contraire aucun désamour des jeunes pour Mer. Notre commune est-elle ciblée par des cambriolages ces dernières années ? Ni plus, ni moins que dans les communes voisines et utiliser le terme d’insécurité me parait pour le moins exagéré. Chaque délit est assurément un délit de trop, et la dramatique agression de 2022 ne saurait résumer la situation sécuritaire à Mer, une commune moyenne touchée par les mêmes maux que nombre d’autres communes de même taille.

Il me semble que votre journal a maintenant suffisamment utilisé la commune de Mer comme vitrine pour mettre en exergue les maux de notre société. Il s’agit là encore une fois d’un traitement, partial, injuste et humiliant pour ses habitants, commerçants, entreprises et élus. J’invite votre correspondant à participer à la prochaine journée des associations, pour lui montrer le dynamisme social, sportif et culturel, émanant de Méroises et Mérois de tous âges et tous milieux. A participer à l’un des prochains événements organisés sous notre Halle, tel que le Festival Mer’veille Nature en mai prochain. A participer enfin, à l’inauguration de notre nouvelle Médiathèque-Ludothèque le 13 septembre prochain, fruit d’un travail de démocratie participative de 5 ans entre l’ensemble des forces vives méroises et d’une volonté politique. Afin de transformer durablement notre ville ; une ville dont les habitants n’aspirent à rien d’autre qu’à la sérénité.

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